Rothschild & Co va se retirer de la bourse

La banque d’investissement française Rothschild & Co ℹ️ – à ne pas confondre avec Edmond de Rothschild, une société suisse distincte ℹ️ – a annoncé son intention de se retirer des marchés publics. Il s’agit d’une stratégie qui connaît un succès croissant, notamment parmi les entreprises familiales qui jouent le jeu à long terme – un jeu que certains actionnaires n’aiment pas.

Bien qu’elles partagent le nom Rothschild, les institutions financières Edmond de Rothschild et Rothschild & Co ne doivent pas être confondues. Mais il existe des similitudes. Tout comme le groupe Edmond de Rothschild a quitté la bourse il y a trois ans, Rothschild & Co a décidé de faire de même.

logo de Rothschild & Co
Rothschild & Co

Rothschild & Co, la banque d’affaires ressuscitée en 1982 des décombres de Paris Orléans par Alexandre ℹ️ et David ℹ️ de Rothschild, a annoncé qu’elle ne serait plus cotée en bourse. L’objectif est de préserver le caractère familial de l’entreprise et de se protéger de toute tentative de prise de contrôle “hostile”. Pour mener à bien ce retrait, ils se sont appuyés sur d’autres grandes familles du capitalisme européen – les Dassault ℹ️, les Peugeot ℹ️, les Wertheimer ℹ️ (propriétaires de Chanel) et les Giuliani – ainsi que sur des alliés historiques – les Maurel, les Dassault et autres branches des Rothschild – et sur plus d’une centaine de partenaires. Tous ces intervenants sont liés par un pacte de huit ans, “sans promesse d’achat ou de vente à la fin”.

Pour convaincre les actionnaires non invités de vendre leurs actions, ils leur offriront 48 € par action, soit une prime de 34 % par rapport aux 120 derniers jours de cotation. 1,25 milliard d’euros sera financé par les Rothschild sur leurs ressources propres et le solde par la dette. Concordia, la société holding des branches française (95%) et anglaise des Rothschild, qui détient actuellement 38,9% du capital de la banque, aura le contrôle exclusif de la banque à l’issue de l’OPA ℹ️.

Rothschild & Co compte sur cet environnement privé pour accélérer sa croissance.

Des entreprises qui deviennent privées

Ce n’est pas la première entreprise à quitter le marché boursier pour se développer. Au début des années 2000, le retrait de la cote était considéré comme une punition par les marchés financiers ou un signe de mauvaise santé de l’entreprise. Depuis, avec la succession des crises financières, elle est devenue une véritable stratégie.

Pour les partisans d’une telle stratégie, l’intérêt principal est de reprendre le contrôle des opérations et d’échapper à la pression des actionnaires qui sont généralement plus intéressés par les résultats à court terme, synonymes de dividendes, que par le développement à long terme d’une entreprise. Beaucoup pensent que la pression du marché sous-évalue les entreprises et empêche les investissements à long terme, ce qui signifie une baisse des bénéfices et donc des dividendes aujourd’hui. Il s’agit d’un “mauvais signal” pour les actionnaires, qui peut entraîner une chute du cours des actions.

La radiation permet également aux entreprises de se libérer des contraintes administratives liées à la cotation sur les marchés : publication des comptes, respect des règles de la plateforme de négociation, vulnérabilité aux soubresauts du marché, impact de la réputation sur le cours de l’action, pression des actionnaires sur la stratégie de l’entreprise, pour ne citer que les principales.

Toutes les entreprises ne peuvent pas sortir du marché. Seules celles dont la capitalisation et la réputation sont suffisantes peuvent franchir cette étape.

Le revers de la médaille est que le retrait est coûteux – comme on le voit avec la prime de 34% offerte aux actionnaires. Ce coût est financé par la dette, ce qui pèse sur les comptes. Fin octobre 2022, les primes moyennes depuis le début de l’année étaient de 45% pour les entreprises européennes et de 42% pour les entreprises américaines.

Ensuite, lever des fonds pour financer la croissance peut théoriquement devenir plus compliqué. Mais cette difficulté devient théorique à l’heure où le private equity ℹ️ se développe fortement et dispose de capitaux importants à investir. Cependant, trouver des investisseurs privés reste plus compliqué que de trouver des actionnaires via une augmentation de capital.